Gio Ponti

À propos de Gio Ponti

Gio Ponti, né en 1891 et décédé en 1979, est l'un des rares architectes italiens à avoir connu un succès international aussi bien dans la conception de petits objets du quotidien que dans la réalisation de grands projets de construction. À partir de 1927, Ponti travaille dans son premier bureau d'architecture et fonde la même année le groupe Labirinto, qui se consacre à la production de meubles de haute qualité. À partir de 1933, il fut également directeur artistique de la manufacture de porcelaine Richard Ginorius et fonda la revue Domus für Kunst und Architektur en 1928, qu'il continua de diffuser avec des interruptions jusqu'à sa mort. Gio Ponti a ainsi apporté une contribution polyvalente et importante, notamment dans l'enseignement, au renouveau de la production et de l'industrie italienne du meuble. Ses œuvres les plus célèbres comprennent le gratte-ciel Pirelli - l'un des monuments de Milan - la chaise Superleggera, éditée et récompensée en 1957. Cette dernière est d'ailleurs rééditée depuis 2017 sous le nom de 646 Leggera par le fabricant italien Cassina.

Pour en savoir un peu plus sur Gio Ponti, smow s'est entretenu avec Salvatore Licitra et lui a d'abord posé quelques questions sur la collaboration avec TASCHEN Verlag et l'idée de la monographie.

Salvatore Licitra: L'idée d'un livre vraiment adapté sur Ponti est née en 2007. Il devait s'agir de deux livres : un petit livre mince limité à l'architecture, et un second livre vraiment définitif consacré à Gio Ponti. Le premier a été produit immédiatement et, traduit en plusieurs langues, pour une publication dans le monde entier. Le second était comme les opéras auxquels on tient vraiment : il est né de l'intérêt de Benedikt TASCHEN pour l'œuvre de Ponti et a nécessité beaucoup de temps de travail. Ce n'est que maintenant que nous le tenons dans nos mains, prêt à être distribué, et nous en sommes tous très fiers.

smow: "Définitivement dédié à Gio Ponti" est une description appropriée du livre, car il met en lumière les nombreuses et diverses facettes de l'œuvre de Gio Ponti. Mais au-delà de cette diversité, comment décririez-vous l'essence même de l'œuvre de Gio Ponti ?

Salvatore Licitra: La magie de l'œuvre de Ponti est liée à son regard personnel. Ce regard est le point focal qui maintient l'ensemble de son travail aux multiples facettes et le projette dans l'avenir, tout en restant attentif, inquisiteur et curieux du passé. Ponti a construit son œuvre autour de ce regard, qui ne peut être que contemporain. Le succès de son travail aujourd'hui est alimenté par le fait que nous vivons dans une ère absolument visuelle et que le travail de Ponti, avec ses incursions dans le classique et sa curiosité pour les arts, informe une attitude qui est absolument contemporaine aujourd'hui.

smow: En 1996, vous avez fondé les archives Gio Ponti. Quelle était l'idée de ce projet ?

Salvatore Licitra: Dès le début, mon idée n'était pas seulement de combiner des témoignages et des matériaux provenant de l'atelier de Ponti. Je voulais également inclure des documents provenant d'entreprises qui ont travaillé avec lui, d'artistes qui ont été en contact avec son travail et d'artisans qui ont réalisé des travaux pour lui. L'objectif était de composer un tableau de ce paysage de soixante ans d'art italien, dans lequel Ponti a été un protagoniste incontournable et extraordinaire.

smow: Le fonds d'archives comprend quelque 100 000 lettres de Ponti ou adressées à ce dernier, ce qui montre bien à quel point il possédait une grande influence. Un nom qui revient assez souvent dans le livre est celui de Le Corbusier, malgré les différences évidentes entre leurs travaux. Quelle était la relation de Ponti avec Le Corbusier ? L'admirait-il ?

Salvatore Licitra: Ponti tenait Le Corbusier en haute estime, l'invitait à donner des conférences, et il est souvent fait référence à lui comme à un "maestro". Toutefois, Ponti aimait raconter une anecdote dans laquelle Le Corbusier répondait à un étudiant. Celui-ci demandait si une œuvre répondait aux critères du "Modulor". Le Corbusier rétorqua alors : "Mais je me moque du "Modulor"." C'est-à-dire qu'entre la rigueur et de la cohérence, d'autre part, ou les visions brillantes et intuitives de Le Corbusier, Ponti préférait ces dernières.

smow: Si l'on passe de Gio Ponti en tant qu'architecte/designer/auteur à Gio Ponti en tant qu'être humain, il est frappant de constater que sur les photographies, il a toujours l'air d'une personne très affable, sociable, même si elle est réfléchie et contemplative. Comment avez-vous vécu votre grand-père en tant que personne ? Comment le décririez-vous ?

Salvatore Licitra: Ponti était un communicateur né... C'était un séducteur. Il a séduit les clients, mais aussi les petits-enfants, en plaisantant avec eux. Dans la maison des grands-parents, il n'y avait pas de séparation distincte entre les adultes et les enfants.

smow: Et comme dernière question, si nous devions compiler un dictionnaire, pourriez-vous fournir une brève définition de "Pontien", peut-on définir "Pontien" ?

Salvatore Licitra: Je suis, bien sûr, favorable à l'établissement de cet adjectif, car il nous pousse à identifier un style. Et Ponti était toujours et avant tout un maître du style.